Les appels de liaison
par Johanne Vaillancourt
Le perroquet donne de la voix… c’est normal.
Accepter de vivre avec un ou plusieurs perroquets, c’est aussi accepter le niveau de cacophonie qui vient de série avec ces charmants petits volatiles. C’est une des clauses indissolubles du contrat que vous avez sans le savoir signé avec votre oiseau au moment de l’adoption. Je ne voudrais pas vous désillusionner, mais lorsqu’on parle d’un perroquet calme, il n’est point question d’un perroquet aphone. Disons plutôt qu’on le cite en parallèle avec un perroquet à la voix assourdissante parce qu’il y a une chose que vous devez absolument comprendre ici… un perroquet silencieux, ça n’existe pas!
Dans leur environnement naturel, les perroquets ne cessent de se passer de l’information toute la journée. Ils vocalisent pour se localiser, aviser de ce qu’ils font, où ils vont, d’un coin abondant en nourriture, d’un prédateur en vue, d’un jeune qui s’est mis les pieds dans les plats, retrouver le groupe si on est perdu, etc. C’est la sécurité par le nombre.
Il en va de même pour les perroquets de compagnie: crier, bien souvent, sert à se représenter la portée qui sépare l’oiseau de son humain ou groupe social, à savoir si ces derniers sont à une distance raisonnable et s’ils peuvent entendre l’appel de Coco. Ce genre de vocalisation est des plus courants et des plus naturels pour le perroquet. C’est ce qu’on décrit sous le terme "appel de liaison" "contact call" et ces appels servent principalement à garder un contact continu et permanent avec le compagnon ou le groupe social. C’est le lien qui renforce la cohésion au sein du groupe.
Comme c’est un trait inné du caractère des perroquets, il est donc immuable, quoique, et je vous rassure de suite, tout à fait adaptable par une socialisation bien conduite.
L’appel de liaison demande une attention immédiate afin de rassurer l’oiseau de votre position sur le territoire (la maison). Lorsqu’il vous appelle, le minimum est de lui répondre. L’importance de répondre à cet appel évite que l’oiseau ne devienne anxieux et n’ait recours aux cris incessants ou très forts parce qu’il panique de ne pas recevoir de réponse à cet appel – il a perdu contact avec vous et il est inquiet.
Si vous répondez correctement aux appels de liaison de vos oiseaux, ils feront de même avec vous. C’est un comportement inné qu’il ne faut pas réfréner. Si votre lien est fort avec votre perroquet, remarquez bien quand vous n’êtes pas à portée de vue l’un de l’autre, si vous l’appelez par son nom, votre oiseau vous émettra toujours un son. À ce moment, il répond simplement à votre appel de liaison.
Les appels de liaison ne devraient pas être ces cris insistants qui rendent fou. Un perroquet ayant bénéficié d’une socialisation attentive, sait comment piloter votre attention par des sons plaisants et invitants (que vous lui aurez transmis). Naturellement, tout dépend ici de ce que vous lui aurez transmis…
Chez moi, les perroquets ont appris à faire des appels de liaison que je considère "civilisés" et de mon goût. Ils savent qu’ils n’ont pas besoin d’avoir recours à des hurlements pour recevoir l’attention qu’ils souhaitent obtenir à un moment précis. Par contre, si vous ne réagissez pas à la subtilité des premiers appels, pas de problème pour Coco, ce charmant chérubin possède en réserve une batterie de sons de tous les diables avec lesquels il peut retenir l’attention des plus sourdingues! Aïe... aïe…aïe...!
J’ai des copains qui vivent avec des chats et une amazone. Cette dernière à découvert récemment un appel de liaison tout à fait inusité pour faire accourir ses humains chéris: il reproduit les sons horriblement déplaisants du chat… qui vomit… Succès assuré en tout temps! Et le meilleur de l’histoire, c’est que l’oiseau, très fier de sa découverte, nargue tout ce beau monde en riant à bec déployé face à l’air hébété des deux mamans qui ont quand même mis du temps à comprendre l’astuce.
Comme le perroquet est très observateur, il pourra tout autant se servir des sons émis par les objets les plus usuels de la maison qui retiennent chaque fois votre attention; pour lui, tous ces bruissements font des appels de liaison plus qu’acceptables. L’exemple le plus flagrant est la sonnerie du téléphone: le pas est facile à franchir pour le perroquet d’associer la sonnerie du téléphone avec un appel de liaison, puisque chaque fois que ce dernier résonne, vous accourez vers lui, lui répondez et mieux encore… vous lui parlez! Donc pour l’oiseau, c’est un son à utiliser pour établir une communication. C’est entre autres une des raisons qui font que pratiquement tous les perroquets savent imiter le téléphone: il sonne, vous accourez et … vous lui répondez – pas bête la guêpe!
Donc, un perroquet qui sonne commande une réponse. Il vous appelle, il recherche votre contact - c’est un appel de liaison. Il en va de même pour tous les petits sons agaçants que le perroquet s’amuse à imiter et qui n’ont pour autre but que d’attirer votre attention: jeux vidéo, micro-ondes, sonnerie d’arrêt de la sécheuse, etc.; tous les sons ou bruits qui, à coup sûr, vous font courir vers eux!
Pourquoi les perroquets crient-ils si fort?
Parce que c’est un besoin qui découle directement du grégarisme des perroquets. Ce sont des animaux sociaux qui parcourent de très grandes distances dans une journée. La nature les a donc dotés de voix fortes et puissantes pour qu’ils puissent demeurer en contact permanent avec leur groupe social malgré la distance qui peut les séparer. Leur survie dépend d’une communication constante avec leur groupe et, chez tous les animaux proies, la survie est la préoccupation principale. Puisque dans la forêt, la visibilité entre les branches est quasiment nulle, une voix forte et puissante est la meilleure façon de demeurer en contact.
Les oiseaux prédateurs, tels les faucons, les chouettes ou les buses n’ont pas besoin de voix aussi puissantes tout simplement parce que ce sont pour la plupart des animaux solitaires qui n’ont donc pas à communiquer sur de longues distances et qui préfèrent garder un profil discret jusqu’à ce que…
La nature a su donner aux animaux les attributs nécessaires à leur survie.
Quel est votre seuil de tolérance?
Le niveau de bruit tolérable est généralement dans l’oreille de celui qui écoute. Je connais beaucoup de gens qui vivent heureux et en harmonie avec plusieurs grands perroquets ou une brigade de conures piailleurs et discordants, sans être aucunement incommodés par un niveau de décibels assourdissant et j’ai aussi rencontré pas mal de gens qui perdent d’emblée patience face aux dérisoires petits sifflements de leur perruche calopsitte.
D’où l’importance de bien se renseigner sur les caractéristiques générales de l’espèce avant d’adopter un perroquet et aussi de faire une introspection quant à ce qu’on est ou non capable de tolérer.
Aucun oiseau n’a à payer le prix pour le laxisme dont vous pouvez avoir fait preuve au moment de vous informer sur ce qu’impliquait de vivre avec telle ou telle espèce de perroquet. Avant d’adopter un perroquet, peu importe la taille… informez-vous!
© Johanne Vaillancourt 2006
Photos
Quita, ara bleu et or (ara ararauna), CAJV
Pablo, gris d'Afrique (psittacus erithacus erithacus), CAJV
Elmo, ara Macao (ara macao), CAJV
Lecture connexe:
Le Post des perroquets:
Texte 13 Quand Coco appelle... Faut répondre!