Cacatoès, perroquet de luxe
Lorsqu'on m’a demandé d’écrire un texte sur les cacatoès, la
première image qui m’est venue en tête est celle d'une belle
grosse voiture de luxe. Comme cette dernière, le cacatoès est de
plus en plus à la portée de tous (le crédit faisant loi
aujourd’hui), mais ce n’est vraiment pas tout le monde qui peut
en assumer l’entretient. Comme les voitures de luxe, le cacatoès
a une personnalité à deux vitesses: charmant et exaspérant. Il
demande beaucoup de soins et est facile à dérégler et/ou à
briser.
Ce modèle de perroquet vient en quatre formats: micro, mini,
médium et maxi et en trois couleurs: le rose, le blanc et le
noir, sauf pour le modèle micro (perruche calopsitte) qui
fournit maintenant, grâce à l’habileté de l’humain, une plus
grande sélection de coloris. Initialement développés de
l'Australie jusqu’à l'Indonésie, les oiseaux de la famille des
cacatoès tendent à disparaître de ces régions à cause du pillage
des forêts et de la contrebande (je donnerai ici l'exemple du
cacatoès à huppe citron, qui aujourd’hui est terriblement en
danger à cause de la déforestation qui sévit à Sumba en
Indonésie et qui est la seule île où on le retrouve).
Certains modèles sont donc maintenant fabriqués en série, ici,
en Amérique du Nord. C'est ce qu'on appelle le perroquet élevé à la main.
Pour bien fonctionner avec ce modèle de "perroquet de luxe", il
est important de tenter de comprendre une ou deux petites choses
relatives à leur vie dans la nature, leur vie en liberté.
Chez lui...
Modèle très bien adapté à son environnement. Répartis de l’Australie jusqu’en Indonésie en passant par les Philippines, les cacatoès peuvent vivre dans un large éventail d’habitats, de la jungle profonde et humide jusqu’aux plaines les plus arides.
Le cacatoès est capable de s’accommoder et d’utiliser
l’environnement dans lequel il se trouve à bon escient. Il est
terriblement intelligent et adaptable, capable de jugement et de
raisonnement. Il sait tirer profit de son milieu allant même
jusqu’à se servir d’outils. Le cacatoès utilise beaucoup ses pattes pour manipuler des objets et pour préparer et
ingérer ses aliments (les cacatoès rosalbin et les perruches calopsitte font
exception, peut-être parce qu’ils se nourrissent généralement au
sol).
Le cacatoès est doté d’une curiosité qui se manifeste
pratiquement dès l’éclosion. En effet, contrairement à d’autres
espèces de perroquets, le cacatoès naît avec les oreilles déjà
ouvertes et reçoit immédiatement des stimuli auditifs de son
environnement. Dès qu’il le peut, le jeune cacatoès se met à
explorer son environnement. Ces aventures prennent la forme de
creusage, découverte de formes et de textures, tentatives
d’escapades hors du nid. Le petit grignote et goûte tout ce qui
lui passe près du bec.
Les cacatoès se déplacent généralement par paire à l’intérieur d’un
groupe. C’est l’animal grégaire par excellence, même en saison
de reproduction. Il dépend de la sécurité du groupe pour
survivre. Il est aussi (très) monogame. Un couple se choisit
mutuellement pour la vie.
Les cacatoès passent beaucoup de temps à se toiletter
mutuellement. Ces manifestations affectives servent à renforcer
les liens à l’intérieur du couple et maintiennent une forte
cohésion au sein du groupe.
Les cacatoès appartenant au même groupe social prennent soin les
uns des autres. Ils s’interpellent constamment, avisant le
groupe si un prédateur se manifeste et se protègent mutuellement
contre ce dernier du mieux qu’ils peuvent.
Des observateurs ont remarqué que, comportement étonnant pour
des animaux proies, les cacatoès ne semblent pas rejeter un
membre de leur groupe s’il est blessé ou malade, et fréquemment
accompagnent un des leurs qui est en train de mourir. De plus,
les cacatoès s’entraident entre eux. Si un bébé tombe du nid, il
n’est pas rare de voir les autres membres du groupe se relayer
pour nourrir et protéger le petit. Un tel comportement
indiquerait un lien émotif très fort chez cette espèce de
perroquet, lien rarement observé chez d’autres espèces d’animaux
sociaux.
Dans leur milieu naturel, les cacatoès sont malheureusement
souvent considérés comme des pestes, un peu l’équivalent de nos
pigeons, spécialement par les fermiers d’Australie. Les cacatoès
détruisent nombre de cultures, poussant l’effronterie jusqu’à
s’en prendre aux silos à grain. Ce sont des oiseaux très
destructeurs. Leurs ravages s’étendent aussi bien aux toitures
des maisons, aux clôtures qu’aux automobiles; finalement à tout
ce qui leur tombe sous le bec.
Les cacatoès possèdent un bec large et fort et pour le maintenir
en condition, ils doivent ronger.... beaucoup ronger. Loin des
habitations, les cacatoès sont utiles. Ils participent au
maintien écologique des forêts en aidant à répandre et semer les
graines. Les cacatoès aident aussi à réduire la population
d’insectes nuisibles, ce qui rend de réels services à
l’environnement. Mais près des maisons, ces oiseaux sont de
réelles nuisances. Imaginez...dans nos maisons...!
Chez nous...
Ce modèle de perroquet de luxe coûte cher en pièces de rechange dans la maison. Fort de ces informations, il est maintenant inutile de préciser que le potentiel de destruction d’un cacatoès ne disparaît pas avec la vie en captivité.
Le cacatoès est un oiseau constant et surtout persistant.
Lorsqu’il jette son dévolu sur un objet, il devient presque
impossible de le distraire de son obsession. À une certaine
époque, j’achetais les fils de téléphone à la douzaine en
essayant de me convaincre qu’un jour, mon cacatoès finirait par
comprendre qu’il ne devait pas y toucher. Finalement, j’ai dû
abdiquer. Il était beaucoup plus simple de changer l’appareil de
place. Mon cacatoès avait plus de volonté que moi. Ce modèle de
perroquet de luxe a un super ordinateur intégré et beaucoup de
mémoire vive. Lorsqu'un cacatoès a quelque chose dans la tête,
il ne l’oublie pas. Mieux vaut faire disparaître l’objet de sa
concupiscence, sinon, il retournera inlassablement finir ce
qu’il a entrepris.
Le cacatoès est un oiseau très intelligent et s’en remet au fait
que nous, les humains, minimisons ce genre de petits détails. Ce
"petit détail" a tout de même son importance lorsqu'on vit avec
un cacatoès. Lorsqu’il est bien socialisé, le cacatoès sait
pertinemment ce qu’il a le droit de toucher ou de faire dans la
maison, mais il est aussi parfaitement au courant que s'il y a une punition, elle ne sera que de courte durée, qu’un tout petit moment à
passer. Même s’il connaît les conséquences de son geste, il ne
peut tout simplement pas résister à ses impulsions. Le cacatoès
est un oiseau spontané qui vit l’instant présent. Il agit
d’abord et réfléchit (des fois) plus tard... En captivité, sa
vie n’est pas en danger et les retombées de ses actions sont
minimes.
Le cacatoès est un grignoteur. Il aime croquer, c’est dans sa
nature, un besoin. Il aime particulièrement retirer tout ce qui
dépasse: boutons de chemise, grains de beauté, broderie sur un
pull, petite excroissance sur un mur (qui deviendra grande
par ses bons soins), etc. C’est un voleur et un filou qui, dès
qu’il en a la chance, fait patte basse sur tout ce qui se trouve
à sa portée. Alors, soyez prudent, d’autant plus si vous
possédez deux ou trois cacatoès parce que si à deux ils se
mettent à élaborer des plans et des tactiques pour arriver à
leurs fins, à trois, ils prennent le contrôle de la maison et à quatre...
votre reddition sera complète et inconditionnelle!
De fins stratèges...
Pour ceux qui aiment les animaux intelligents, le cacatoès
offrira des heures et des heures d’occupation et vous servira
bien. Le cacatoès est un conquérant; votre maison, un territoire
à soumettre.
Attention: Avec ce modèle, l’espace pour les pieds peut
rapidement devenir restreint... les cacatoès aiment bien chasser les pieds.
Le cacatoès est intelligent, ça je vous l’ai déjà dit, mais il
est aussi d’une habileté diabolique. Il peut grimper partout,
faire des sauts et des bonds qui dépassent l’entendement et tous
les modèles viennent avec l’option "ouvre-tout": plats,
couvercles, portes, tiroirs, loquets, cages, etc.
Essayez pour voir de confiner un cacatoès à sa cage et vous
comprendrez pourquoi Houdini est le nom le plus fréquemment
attribué à ce modèle... Habileté physique combinée à une
intelligence machiavélique. Le temps de le dire, vous vous
retrouvez en terrain conquis!
Viens un peu que je te fasse peur...
Les cacatoès aiment avoir le contrôle sur leur environnement
immédiat et ce contrôle passe souvent par la crainte que
l'entourage éprouve à leur égard. Ils adorent s'amuser à terroriser quoi!.
Cela leur procure un sentiment de puissance et je dois bien
l’avouer... flatte leur ego démesuré! Les cacatoès sont
extrêmement observateurs et s’ils détectent la moindre faille
chez leur humain, soyez certain qu’ils s’en serviront. Ce genre
d’agression est une forme de jeu pour les cacatoès (sauf en
période de reproduction). Ils s’amusent, ils jouent au monstre
pour se divertir et lorsque ça marche, ils sont au comble de
l’extase. À vous de voir!
Les humains ne sont pas les seules victimes du cacatoès qui-
joue- à- faire- peur. Parlez-en à mon chien, un grand danois de 120
livres, qui refuse de porter son collier à l’intérieur de la
maison parce que les cacatoès s’y accrochent et font du rodéo
sur son dos! Ou encore aux chats qui se promènent ventre à
terre, toujours à l’affût d’un cacatoès qui sortira de nulle
part, huppe et plumes hérissées, hurlant comme Tarzan et prêt à
fondre sur leur queue! Dans la plupart des cas, le cacatoès
terrorise son entourage par jeu, pour le contrôle et pour le
sport, mais d’autre fois...
Je t’aime c'est effrayant...
Le cacatoès, surtout le mâle de l’espèce, peut créer un lien
très fort et exclusif avec son humain chouchou qui peut conduire
à des agressions. Ce qui rend parfois les relations à long terme
avec un cacatoès assez compliquées. À ce moment, le cacatoès
veut le contrôle total de son humain et peut devenir exagérément
territorial. Le problème le plus complexe pour un cacatoès
mature est de reconnaître où se situe sa relation avec son
humain et où commencent et finissent ses droits de possession.
Considérant son humain comme son "amoureux", le cacatoès adulte
peut devenir jaloux et possessif, voire dangereux pour son
humain ainsi que son entourage.
Le bec d’un cacatoès est tranchant comme une lame de bistouri.
Il est donc important, dès son jeune âge (ou son arrivée dans la
maison), que le cacatoès apprenne la règle première du perroquet
en captivité "on ne mord pas". Et il faudra lui rafraîchir la
mémoire tout au long de sa vie. Il est primordial que la socialisation du cacatoès englobe
la communication et l'inhibition de la morsure, parce que sinon, vous ne vous en sortirez pas!
Dis-moi que tu m’aimes...
Contrairement à d’autres espèces qui n’apprécient que plus ou
moins les contacts physiques, le cacatoès ne semble jamais en
avoir assez. C’est un oiseau d'une grande sensualité. Ce n’est
pas un caprice mais un besoin. Entre eux, les cacatoès passent
énormément de temps à se caresser mutuellement, se lisser les
plumes, se nourrir l’un l’autre. Cela semble faire partie de
leur programmation de base. Avec les humains, il ne fait que
transposer sur ces derniers un comportement qu’il aurait
naturellement eu avec un autre cacatoès. Il en est de même avec
leurs petits, ce sont des parents plus qu’attentionnés.
Ils s’occupent de leur progéniture sans relâche, les
nourrissant, les couvant, les bichonnant, se relayant mâle et
femelle et ce, jour et nuit. Les parents cacatoès prennent l’éducation de leurs petits
très au sérieux et continuent à s’en occuper longtemps après
leur essor.
Les parents cacatoès prennent l’éducation de leurs petits très
au sérieux et continuent à s’en occuper longtemps après leur
envol. Le cacatoès adore avoir l’attention de son humain; toute
l’attention, n’importe quelle forme d’attention! Ce n’est pas un
oiseau indépendant, il a besoin de présence constante. Ce modèle
de perroquet de luxe est donc très énergivore et consomme
beaucoup d’attention et de patience.
C’est le genre de compagnon parfait pour l’humain ayant des
problèmes sociaux affectifs, mais qui peut rendre complètement
dingue tout autre humain normalement constitué. Certaines
espèces, telles: le cacatoès des Moluques, le cacatoès blanc, le
petit corella et l’eleonora sont beaucoup plus demandant au
point de vue physique et émotionnel.
Ce genre d’émotivité à fleur de peau ne peut accommoder qu’un
nombre limité d’amoureux de perroquets. Il faut du temps et une
grande disponibilité pour pouvoir satisfaire ces espèces. Mieux
vaut en être prévenu.
Si vous êtes tombé sous le charme irrésistible des cacatoès et
que vous n’avez pas 28 heures sur 24 à lui accorder, optez
plutôt pour une espèce un peu plus indépendante (dans la mesure
ou indépendance fait partie du "vocabulaire cacatoès"), telles:
le cacatoès de Goffin, le petit cacatoès à huppe jaune, le
cacatoès citron ou le rosalbin. Malgré tout, un cacatoès demeure un
cacatoès et sera toujours plus accaparant que n’importe quelle
autre espèce de perroquet. Pot de colle!
Regarde-moi dans les yeux...
Le cacatoès est un oiseau sensible et empathique qui réagit
beaucoup à l’humeur et à la personnalité de son humain; presque
un miroir. Un humain ayant une attitude agressive et menaçante
peut créer un comportement phobique et agressif chez un
cacatoès. Ce dernier réagit fortement aux énergies négatives.
Si vous avez un litige à régler avec votre conjoint, ne le
faites pas devant le cacatoès. N’élevez jamais la voix devant
lui. En contrôlant vos impulsions, vous n’en récolterez que des
bénéfices, tant pour votre couple que pour votre oiseau.
Beaux, beaux, beaux cacatoès...
Heureusement pour eux d'ailleurs, car, affectueux et câlins
comme sont les cacatoès, s’ils ressemblaient à des harpies, leur
potentiel de caresses s’en trouverait fort diminué. Le cacatoès
est très soigneux et fier de son beau plumage. Naturellement, le
modèle blanc demande plus d’entretien, mais aucune cire n’est
requise, elle est comprise à l’achat. En effet, le cacatoès
s’enduit lui-même le plumage d’une fine poudre qu’il produit et
qui lui donne son petit look "fluffy" et duveteux.
Rien de plus majestueux qu’un cacatoès nous offrant le spectacle
de sa grande huppe ouverte (ce modèle de perroquet de luxe est
fourni avec le toit ouvrant de série), de ses
plumes hérissées et de sa queue en éventail, semblant nous
dire... "regardez-moi, vous tous... je suis le plus grand et le
plus beau". Évidemment, l’effet est de beaucoup moindre dans le
cas d’un cacatoès de Goffin ou d’un petit corella. Mais enfin,
rien n’est parfait ici bas et c’est l’intention qui compte...
Certaines espèces comme le cacatoès blanc veulent tellement
séduire qu’ils s’enduisent le corps d’autant de poudre qu’une
perruque Louis XIV. En effet, cette espèce est certainement
celle qui produit le plus de poudre. Personnes allergiques
s’abstenir. Par contre, la présence de cette poudre est souvent
garante d’une bonne santé chez le cacatoès. Les oiseaux malades
ont peu ou pas de poudre. Chez le cacatoès ayant contracté la
maladie du bec et des plumes, cette poudre est totalement
absente. Enfin, c’est cette poudre qui permet à l’oiseau de
garder sa blancheur immaculée et prendre soin de son magnifique
plumage.
Effeuillons la marguerite volante...
Une grande question, doit-on laisser voler son cacatoès? Doit-on
lui tailler les plumes de vol? Entre vous et moi et seulement
entre nous, je dois admettre que le cacatoès s’en fout
complètement! Même si vous lui taillez les plumes de vol... il
volera quand même! Cet oiseau de luxe est tellement agile que,
pour le restreindre à un perchoir, ce n’est pas seulement les
plumes de vol qu’il faudrait lui tailler, mais aussi le bec et
les pattes. Donc, on ne le mutile pas inutilement, socialisez-le plutôt!
Ceux qui croient régler leur problème de destruction de
propriété en taillant les plumes de vol de leur cacatoès
risquent d’être fort déçus lorsque l’ouragan sera venu car, ne
vous en déplaise, le cacatoès redoublera d’ardeur et attendra
son heure!
Même les ailes bien taillées, ce modèle d’oiseau de luxe demeure
un as de la voltige. Son design, très aérodynamique est conçu
pour la haute vitesse. Cet oiseau vole, il court il grimpe, c’est vraiment ce qu’il se
fait de mieux dans le modèle tout terrain! C’est ce qu’il se fait de mieux dans le modèle tout terrain! Peu
importe la mutilation que vous ferez subir au cacatoès, il
s’adaptera et trouvera toujours le moyen d’atteindre son
objectif. Alors, si vous avez du temps à perdre, vous pouvez
essayer de lui tailler les plumes de vol... Le cacatoès adore
les défis!
Vous pouvez toujours tailler les plumes de vol d’un cacatoès,
mais vous allez tout juste le ralentir, à peine, mais jamais
l’arrêter. De toute façon, si vous tentez de l’arrêter......
Et si on faisait un tour en enfer....
Hélas! Je ne fais pas de blague. Le manque de liberté pour un cacatoès est comme le manque d’oxygène. En prison, il étouffe et, tant qu’à suffoquer, autant le faire dans la dignité: LES GEÔLIERS D’UN CACATOÈS N’ONT QU’À BIEN SE TENIR... ILS VONT SOUFFRIR!
La cage et le cacatoès, ça ne va pas du tout ensemble. Le cacatoès ne
supporte aucune forme de contention. Il a besoin de liberté et
doit pouvoir parcourir son territoire(votre maison) à sa guise, tout le
territoire! De plus, il adore prendre part aux activités de la
maisonnée, suivre et imiter les humains, agir comme des hôtes si
vous recevez des visiteurs, prendre part aux discussions et aux
jeux, partager les repas en famille et surtout, accaparer toute
l’attention. Il doit faire partie intégrante du groupe que vous
formez avec votre famille. Bien sûr, il vous faudra prendre le temps de le socialiser, sinon...
Le cacatoès est passé maître dans l’art de la manipulation. Il
sait comment tirer sur la corde sensible de son humain. Vous,
humains qui, tout comme moi, vivez déjà avec un ou plusieurs
cacatoès ne le savez peut-être pas, mais vous êtes la
marionnette dans le théâtre de votre cacatoès. C’EST LUI QUI
TIRE LES FICELLES! Du moins, dans son optique à lui.... Surtout,
ne le contrariez pas. Mieux vaut vous en accommoder, vous serez sous son joug pour le restant de vos jours.
Participaction...
Ce modèle de perroquet de luxe a besoin, après un bon rodage, d’une piste d’accélération où il pourra s’activer et brûler son énergie. Dans la nature, il passe des heures à voler, jouer et détruire tout ce qui se trouve sur son passage. Si dans votre maison, sa seule activité se résume à arpenter les quatre coins de sa cage, vous courez après les problèmes... Le cacatoès ne saurait tolérer ce genre de situation encore bien longtemps. Il est important que le cacatoès puisse faire de l’exercice, il a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’énergie à dépenser et je crois qu’il vaut mieux pour tout le monde qu’il le fasse en ayant de saines activités plutôt que...
Mathusalem chez les perroquets...
Le cacatoès vit vieux, mais alors là "viiiiieux". Autant, sinon plus que vous. On a répertorié des cacatoès ayant vécu jusqu’à cent ans. Un des plus vieux connus à ce jour est un cacatoès blanc en Angleterre et qui mourut à l’âge très honorable de cent onze ans. Ça, c’est vieux!! Malheureusement, cette longévité n’est pas un avantage pour l’oiseau dans un contexte de captivité. Il aura à refaire sa vie et s’adapter à de nouveaux humains et de nouvelles situations plusieurs fois au cours de sa très longue existence. Si on calcule que la moyenne des gens, dans les meilleures conditions, gardent leur cacatoès environ cinq ans, un oiseau normal et en bonne santé aura à refaire sa vie vingt ou vingt-cinq fois. Après, on se demande pourquoi les cacatoès développent des troubles du comportement...!
Coco chez les dingues...
Le cacatoès est un modèle de luxe et de ce fait, il est fragile, brise souvent et nécessite de beaucoup de réparations. C’est un des perroquets qui développe le plus de comportements pathologiques dans un contexte de captivité. La ligne noire de la démence est facilement franchie pour lui.
Malheureusement, en captivité, le cacatoès vit plus souvent du côté sombre que du côté clair. Le cas le plus souvent rencontré "ès comportement aberrant" est: l’hyperdépendance. Les chances de rencontrer un cacatoès indépendant et autonome sont aussi minces que de rencontrer le pape dans une synagogue un jour de sabbat. Mais je ne dis pas que c’est impossible...! Le cacatoès a besoin d’un compagnon pour bien fonctionner. Il ne sait pas de façon innée comment s’occuper tout seul. Il a besoin d’être interactif et relationnel. On peut tenter de rendre un cacatoès assez autonome pour être capable de fonctionner à peu près bien tout seul, mais c’est presque peine perdue. Un cacatoès sans compagnon humain ou oiseau présent auprès de lui n’est qu’un demi-cacatoès.
Le picage
Un autre problème bien connu des amoureux des cacatoès, qui est
le cauchemar des vétérinaires et une grande source de
frustration dans mon travail, est sans contredit le
picage. Le picage ou ptérotillomanie est un syndrome, pas une maladie. Le picage
est le nom donné pour toutes les formes de mutilations par le
bec, appliquées aux plumes, incluant le mâchouillage et
l’extraction. On peut diagnostiquer le picage lorsque l’oiseau
endommage ses plumes, sa peau ou nuit au développement normal de
ses plumes. Ce désordre est souvent d'ordre psychogène. Le picage n’est pas observé dans la nature, un
plumage impeccable étant un prérequis pour la survie.
Autant le picage est facile à diagnostiquer, autant il est
difficile à traiter. Il n’y a pas de remède miracle au picage,
chaque cas est unique et il y a autant de raisons de faire du
picage qu’il y a d’oiseaux qui en font. Un sous-problème
apparaît souvent chez le cacatoès qui fait du picage. Il se
transforme en piqueur. Le piqueur peut ou non faire du picage,
mais il adore piquer les autres oiseaux. Le cacatoès de Goffin
se retrouve souvent dans cette catégorie. Il commence
généralement à toiletter un compagnon, puis frénétiquement il se
met à lui mâchouiller ou arracher les plumes.
Les stéréotypies: le cacatoès excelle dans le développement de
manies et de rituels. Souvent, un cacatoès qui fait du picage
développera aussi des stéréotypies (manie qu’ont certains
oiseaux de répéter systématiquement une série de mouvements dans
un ordre précis et répétitif).
Coco "rated XXX"...
Le cacatoès possède une libido très au-dessus de la moyenne dans
le monde des perroquets, surtout en ce qui concerne, vous
l’aurez sans doute deviné... le mâle. En période de reproduction
(ce qui en captivité veut dire n’importe quand ou presque),
certains mâles peuvent développer une grande agressivité envers
leur compagne et si dans le couple que vous formez avec votre
oiseau, c’est vous qui avez l'honneur de tenir ce rôle, gare à
vous! Si vous n’avez pas pris le temps de bien socialiser votre
cacatoès, vous pourriez rapidement figurer au tableau des
statistiques de victimes de violence conjugale.
Dans le monde du cacatoès, c’est le mâle qui porte la culotte,
contrairement à plusieurs autres espèces où c’est la femelle qui
domine. Le mâle cacatoès possède sa femelle, elle est à lui et
il en est très jaloux. Il cherche constamment à la dominer et
malheur à elle si elle ose refuser ses avances. Le mâle cacatoès
n’est rien d’autre qu’un gros Gino avec un piment dans le cou!
Vous pensez être l’heureux propriétaire d’un beau cacatoès
mâle...? Détrompez-vous, le propriétaire c’est lui! Évidemment,
si vous avez eu l’heureuse idée de procurer une compagne à votre
Gino, vous penserez bien laisser à la dame pleine liberté pour
pouvoir prendre la poudre d'escampette si Gino devient trop entreprenant ou
violent...
Si vous caressez votre cacatoès, mâle ou femelle, et qu’il ou
elle se met à frémir sous vos doigts, c’est qu’il ou elle est à
point. Si votre cacatoès n’a pas de compagnon de son espèce, il
y a de fortes chances qu’il jette son dévolu sur vous. Qu’à cela
ne tienne, vous jouerez le rôle de "sex-machine" le temps que
cela dure.
Bref...
Le cacatoès est un oiseau pour humain respectueux. Respectueux et... libre devrais-je dire. Le temps et la présence que vous aurez à consacrer à votre cacatoès joueront un rôle de premier plan dans sa socialisation et son adaptation à la vie en captivité. La décision d’adopter un cacatoès doit être bien pesée et réfléchie. En aucun cas, ce geste ne doit être posé de façon impulsive. La différence entre une voiture de luxe et un cacatoès est que ce dernier est un être vivant ayant des désirs, des besoins et des attentes. Il dépendra entièrement de vous pour sa survie et son bien-être. Le cacatoès n’est pas un animal de compagnie à temps partiel (lorsque vous en avez envie), c’est un être à part entière, qui a beaucoup à donner et qui s’attend à recevoir en retour.
© Johanne Vaillancourt 2002
Photos
Chichou, cacatoès blanc (cacatua alba), CAJV
Cacatoès rosalbin (eolophus roseicapillus), Danièle Vappreau
Maely, cacatoès citron (cacatua sulphurea citrinocristata), Hervé Andaloro
M. Maggoo et Maggie, cacatoès à oeil nu (cacatua sanguinea), Guylaine Turgeon
Cacatoès blanc (cacatua alba), Marie-Josée Ouellet
Cacatoès Major Mitchell (cacatua leadbeateri), Danièle Vappreau
Maely, cacatoès citron (cacatua sulphurea citrinocristata), Hervé Andaloro
Maely, cacatoès citron (cacatua sulphurea citrinocristata), Hervé Andaloro
Coco, cacatoès de Goffin (cacatua goffini), CAJV
Cacatoès des Moluques (cacatua moluccensis), CAJV