La part de Dieu… et celle des autres
Le perroquet, quel animal charmant, envoûtant et ô combien… contrariant! En effet, si on porte attention attentivement aux propos de la plupart des gens qui vivent en compagnie de ce dernier, nous serions portés à croire que le perroquet est un animal imprévisible, belliqueux et déplaisant… un vrai caractère de chien!
Caractère de chien, c’est bien là où s’arrête toute comparaison avec cet animal!
En effet, nous humains sommes habitués à vivre en compagnie de chiens et de prendre comme point de référence les comportements et la socialisation de ces derniers pour les appliquer à nos autres animaux de compagnie, et lorsque nos bêtes n’agissent pas en chien-chien bien "domestique", les mots "problèmes du comportement" fusent immédiatement de toutes parts.
C’est à ce moment-là que les gens font appel à moi, dès l’apparition desdits "problèmes du comportement".
Moi, je travaille avec des perroquets avec des méthodes adaptées pour les perroquets. Absolument rien à voir avec les chiens. D’ailleurs, je ne sais pas travailler avec les chiens, les miens n’en font qu’à leur tête et rigolent devant mes tentatives navrantes d’autorité; mes perroquets sont à l’évidence beaucoup plus disciplinés!
Perroquet n’est pas synonyme de problème de comportement...
… et toutes les attitudes de l’oiseau qui vous semblent déplorables ne s’y apparentent pas non plus. Le perroquet possède une multitude de conduites innées avec lesquelles l’humain a de la difficulté à composer et souvent, qu’il juge carrément inacceptables chez un animal domestique. Mais voilà, le perroquet n’est PAS un animal domestique…
La plupart des besoins physiques ou émotionnels des perroquets ne sont pas adaptés à la cohabitation avec l’humain, parce que… ils n’ont (bêtement) jamais eu la chance d’évoluer en ce sens. Ainsi, ces comportements conçus spécifiquement pour leur habitat naturel se rejoignent dans notre monde d’humain et dans la généralité des cas sous l’appellation: Problème du comportement.
Sous cette appellation, mes clients me décrivent à peu près tous les comportements naturels du perroquet: mordre (pincer) , communiquer (crier), voler, ronger, détruire, comportements sexuels, etc. Comble de tout, même déféquer semblerait s’inscrire au tableau des nombreux "problèmes du comportement" chez la gent volatile. Décidément!
Nous verrons dans les pages ce site qu’aucun de ces comportements n’est déviant. Nous constaterons que le perroquet est un animal logique et flexible qui ne veut surtout pas faire de vagues. Pour survivre, il doit se conformer à son groupe social et non pas le confronter. En animal logique, il réagit en fonction de la structure sociale des individus qui l’entourent justement pour éviter les ennuis et risquer le rejet de sa communauté. Nous explorerons l’idée que, si le perroquet, congruent dans son approche, agit adéquatement en tenant compte des réponses de son milieu, c’est donc à ce milieu (l’humain ou le groupe social) de lui offrir les réponses appropriées à sa compréhension afin que l’oiseau soit en mesure de produire les conduites sociales attendues de sa part.
La part de Dieu… l’inné
Il y a une très grande interaction entre l’inné et l’acquis. Plus un animal possède d’instinct, moins il est dépendant de ses ascendants ou de son groupe social, et en gros, nous dirons que c’est parce qu’il a moins besoin d’apprendre. Selon Jean-Henri Fabre, précurseur de l’éthologie: "L’instinct est à la fois parfaitement adapté à la situation qui le déclenche, mais terriblement limité par son manque de souplesse".
L’instinct découle de stimulations internes (endogènes); physiologiques comme les hormones et l’appétit. Les comportements innés se retrouvent chez tous les individus d’une même espèce, les différences individuelles (tempérament, personnalité, milieu, etc.) n’ont aucun effet sur ces types de comportement. Ces conduites, présentes dès la naissance, permettent aux animaux de remplir certaines fonctions sans avoir recours à l’apprentissage.
La part des comportements instinctifs chez une espèce dépend du développement du système nerveux central de cette dernière, de son niveau psychique. Donc, les comportements instinctifs (innés - naturels) jouent un plus grand rôle chez les espèces à faible développement que chez les animaux supérieurs.
Les attitudes innées sont opposées aux attitudes acquises et
ne nécessitent aucun apprentissage préalable.
Exemple: Tous les individus de la même espèce ont des conduites
sexuelles identiques qui découlent de réactions déterminées par
des caractéristiques génétiques.
Chez les espèces évoluées, tel notre perroquet, la plupart
des informations instinctives sont supportées par une très
grande capacité à apprendre, ce qui les rend hautement
adaptables.
Cette merveilleuse habileté à apprendre et s’adapter, c’est ça
qu’on appelle l’acquis.
La part des autres… l’acquis
Contrairement à l’inné, l’acquis dépend de stimulations externes (exogènes), c’est-à-dire, qui sont extérieures à l’oiseau, qui proviennent de l’environnement. L’acquis est le produit des informations, des apprentissages et des expériences cumulées durant le développement, depuis la fécondation de l’œuf jusqu’à la fin de sa vie de perroquet. Il englobe tous les comportements intelligents et raisonnés ainsi que les réflexes conditionnés.
Ces acquis sont personnels à l’individu. Ces attitudes
acquises permettent à notre perroquet de s’adapter à plusieurs
situations ou environnements nouveaux et différents. C’est ce
qui lui donne tout son potentiel pour devenir un excellent
animal de compagnie. Tous les apprentissages sociaux sont des
comportements acquis.
Les modes d’apprentissage les plus courants se font par
observation et imitation ainsi que par plusieurs essais et tout
autant d’erreurs. Les comportements couronnés de succès seront
réitérés, alors que ceux qui n’entraînent que des dividendes
modestes ou dénués d’intérêt ou pire, quelques désagréments
seront rapidement délaissés.
L’apprentissage par essais résulte souvent de situations fortuites et accidentelles, c’est-à-dire, le perroquet pose une action par hasard, et l’intègre ou la rejette selon ce qu’elle rapporte: plaisir, désagrément ou… rien du tout! Il apprend de ses réussites, mais aussi énormément… de ses erreurs…! Dans une ou l’autre de ces situations, un fait demeure… l’oiseau retiendra (bons ou mauvais comportements) selon les réponses (conséquences) qu’il aura reçues.
L’observation et naturellement, l’imitation des protagonistes qui composent son environnement immédiat feront en sorte que le perroquet tentera de recréer des comportements qui lui sembleront appropriés et efficaces. Il peut reproduire immédiatement un comportement en agissant simultanément avec le modèle (apprentissage imitatif), et il peut ne reproduire le comportement observé que beaucoup plus tard, lorsqu’une situation similaire le commandera (apprentissage vicariant).
Le répertoire comportemental du perroquet est en constante
évolution; à chaque stade du développement sont abandonnées des
conduites antérieurement adoptées en fonction des réponses que
génère le comportement émis. C’est là où intervient la part des
autres… votre part.
Votre perroquet sera le reflet de son milieu, de ce qu'il aura
acquis à votre contact.
Un sujet pas entièrement programmable
Malgré le fait que notre perroquet fasse partie de la classe des animaux dits "évolués", il possède en lui, dès la naissance, un certain nombre d’attitudes préprogrammées pour sa survie, qui sauront se manifester au moment opportun et suivant la maturation de Coco.
Et en dépit du fait que ses conduites acquises soient très nombreuses, il n’est pas pour autant entièrement programmable. Il vient au monde avec certains "logiciels" de base qu’on nomme les instincts et par lesquels il sera régi sa vie entière.
Il est important de noter (pour vous rassurer et pour le bonheur de Coco) qu’un comportement inné ne disparaît jamais (et ça ne sert à rien d’essayer), le perroquet ne peut qu’apprendre à adapter ses attitudes instinctives aux contraintes et exigences du milieu dans lequel il évolue. L’humain et l’oiseau auront à composer avec ce fait toute leur vie.
Il est vital pour l’équilibre de l’oiseau d’être pris en charge par un bon précepteur qui saura le guider et l’aider à concilier ses comportements innés avec la contrainte de ce nouveau milieu (votre maison) et le guider dans l’acquisition des comportements sociaux (acquis) afin qu’il puisse être en mesure de rencontrer les exigences de ce milieu (vos visées).
Ce sera principalement par une bonne supervision de ses activités, de ses expériences et en fonction de vos réponses que votre oiseau apprendra – autant ce qui est bien que ce qui l’est moins – à vous de voir.
© Johanne Vaillancourt 2003
Photos
Bilbo caïque à tête noire (pionites melanocephala) et Bébé,
conure de Finsch (aratinga finschi),
CAJV
Fiona, ara bleu et or (ara ararauna), Laurianne Paquette
Chiko, ara bleu et or (ara ararauna), Sylvain Richard
Edgard, perroquet de Jardine (poicephalus gulielmi), Jeanne Bessette
Arianne, cacatoès des Moluques (cacatua moluccensis), Christine Cadoux