Le perroquet comme tout autre animal sait faire preuve d’agressivité dans diverses situations. Normalement, le comportement d’agression suit un modèle comportemental:
- Avertissement, menace, intimidation.
- Si la première phase de menace ne fonctionne pas, il passera à l’action en mordant plus ou moins fort, selon le degré d’irritation ou de danger.
- Après l’agression vient ce qu’on appelle une phase d’arrêt ou d’apaisement.
C’est ce qu’on appelle « l’agressivité réactionnelle », c’est-à-dire que l’oiseau réagit à un stimulus en suivant une séquence comportementale normale.
Cependant, en captivité chez le perroquet *dyssocialisé (eam), on observe trop souvent un genre d’agressivité qu’on ne devrait pas rencontrer entre un animal proie (le perroquet) et un animal prédateur (humain). Je parle ici d’une agression où les phases de menace et d’apaisement ont totalement disparu, c’est-à-dire que l’oiseau passe directement à l’agression sans autre forme d’avertissement. Ne faites jamais l’erreur de croire qu’un perroquet né en captivité, dyssocialisé, nourri par l’humain et imprégné à celui-ci vous avisera à tout coup de son intention de vous faire violence. Que nenni! Ce n’est pas que l’oiseau est traître ou hypocrite, c’est seulement que la méthode d’élevage à la main (eam), cette dyssocialisation primaire souvent accompagnée d’un *syndrome d’isolement (privation sensorielle), a rendu le perroquet dit ‘de compagnie’ terriblement imprévisible.
Au stade instrumentalisé, le perroquet présente une hyperagressivité secondaire avec morsure (parfois très violente) sans avertissements ni menaces et de manière très impulsive.
*Dyssocialisation primaire: « Il s’agit du plus grave des troubles du développement entraînant de l’agressivité » – Isabelle Viera, vétérinaire comportementaliste.
C’est le défaut d’acquisition des conduites sociales propres à l’espèce qui se développent normalement en très bas âge dans les premières semaines / mois de la vie (selon l’espèce) et qui sont indispensables à la vie de groupe. C’est l’absence d’apprentissage des règles sociales et des codes de communication. Le perroquet séparé de ses parents n’a pas acquis, lors de son développement, les mécanismes primaires d’inhibition sociale; il ne sait donc pas comment se comporter avec ses congénères, ne sait pas comment résoudre un conflit. Ce qui le rend imprévisible, voire même dangereux.
* Syndrome d’isolement ou privation sensorielle:
C’est l’incapacité de l’oiseau à gérer correctement les informations sensorielles. C’est le résultat d’une insuffisance de stimulations au cours du développement de l’oisillon qui, n’ayant pu apprendre à connaître suffisamment son environnement, devient incapable de s’y adapter par la suite.
Q. Pourquoi le perroquet nous agresse?
En premier lieu, parce qu’il ne craint pas l’humain. Il faut savoir que normalement, les agressions, autres que celles liées à la prédation, se passent à l’intérieur même de l’espèce (intraspécifique). Alors pourquoi, le perroquet (animal proie) ne démontre aucune crainte envers l’humain (animal prédateur) et pire encore, n’a aucune hésitation à s’en prendre à celui-ci (agression interspécifique)?
R: C’est parce que le perroquet EAM s’identifie à l’espèce humaine. Pour l’oiseau, l’agression EST intraspécifique … parce que la méthode d’élevage « eam » imprègne les jeunes perroquets à l’humain! Beaucoup d’autres comportements aberrants de l’oiseau imprégné à l’homme se sont révélés découler directement de la méthode d’élevage « eam », mais l’agression en est certainement le plus douloureux pour nous.
Je sais, j’en parle encore… de « l’eam », mais si on veut comprendre la raison des agressions si souvent rencontrée dans une cohabitation humain-perroquet (faites un tour sur les réseaux sociaux, vous verrez), je ne peux pas ne pas en parler. L’agression d’un animal proie envers un animal prédateur est contre nature, sauf bien évidemment si la proie se défend contre son prédateur, mais autrement, le genre d’agression par irritation, par frustration ou parce que Coco a la mèche courte ne devrait pas se passer. Imaginez un chien qui agirait de la sorte: on dirait qu’il a un sérieux problème de comportement. Les chiens agressifs sont des « erreurs » et malheureusement, trop souvent euthanasiés.
Avec les perroquets, on a fini par s’imaginer que les agressions, même très violentes, font partie de la fatalité de vivre avec ces oiseaux. Ceux-ci sont élevés dans la visée de ne pas craindre l’homme et pour ce faire, on les *imprègne à l’humain (certains éleveurs s’en vantent même) et à partir de ce moment, très justement… les perroquets ne craignent plus l’humain, il s’y identifient! Voilà!
*Empreinte filiale: « Processus d’apprentissage par lequel les jeunes oiseaux apprennent à reconnaître les caractéristiques de la mère ou des deux parents, dont ils n’ont aucune connaissance innée. » – Bateston- Sluckin – Hess.
L’empreinte sexuelle: « Processus d’apprentissage par lequel un jeune animal acquiert la connaissance des caractères qui lui permettront ultérieurement d’identifier un partenaire adéquat auquel s’accoupler. Si un jeune d’une espèce sexuellement « imprégnable » est élevé par des parents adoptifs appartenant à une autre espèce, il en résulte des empreintes aberrantes. » Lorenz- Immelmann – Hess – Scudo – Bateston.
Pourquoi je fais plein de citations? Simplement que quand ça vient de moi, on dirait que ça fait moins sérieux. Alors, je cite des vétérinaires comportementalistes, des éthologistes et des biologistes… ainsi, s’il y a des confrontations suite à un de mes textes anti-eam, je ne me sentirai pas visée… Na!