Coco vient de passer sa mauvaise humeur sur nos doigts, ça fait mal et on en cherche naturellement la raison parce qu’encore une fois… ‘il nous a mordus pour rien.’ Alors, c’est devenu la norme,  on se tourne vers les réseaux sociaux, il y a bien quelqu’un qui aura une réponse toute faite pour moi.

On expose notre problème et les réponses, surtout les solutions ne se font pas attendre. Elles se résument bien souvent par ceci:

Réponse: C’est parce qu’il cherche à vous dominer. C’est connu, les perroquets sont tellement dominants.

Solution: Ne vous laissez pas faire, vous devez lui démontrer que c’est vous qui commandez, que c’est vous le dominant du groupe.

Ainsi, selon nos experts médias-sociaux, la bonne question à se poser quand on cohabite avec un perroquet serait ‘Who is the boss?’ Qui de vous ou de lui commande dans cette maison… La dominance des perroquets semble encore de nos jours faire consensus dans les milieux aviaires.

Mais d’où vient cette proposition? Des éthologistes? Des chercheurs sur le terrain? Des biologistes?  D’une recherche scientifique quelconque? La réponse est: aucune de ces réponses!  Aucune hiérarchie de dominance chez les perroquets n’a été observée ni répertoriée à ce jour dans les groupes de perroquets en milieu naturel et rien dans leur éthogramme ne laisserait à penser que ces oiseaux auraient des tendances à la dominance.

Un mensonge répété des milliers de fois peut-il devenir vérité?
Avec l’omniprésence des médias sociaux dans l’univers de nos perroquets, cette citation devient de plus en plus d’actualité. Nous sommes entrés dans une ère où les faits ne sont plus vraiment importants; dans une ère où l’unanimité collective devient vérité et circule à vitesse grand ‘V’ sur Internet… Nous sommes entrés dans l’ère de la ‘Fake news’ commode qu’on tient pour vérité simplement parce qu’elle nous arrange bien.

L’humain, langue seconde
Mais oui, le perroquet est en quelque sorte bilingue; pas parfaitement bilingue, mais bilingue dans la mesure où il peut arriver à comprendre le langage humain et communiquer dans cette langue qui est loin d’être sa communication naturelle. Ainsi, le perroquet peut arriver à interagir avec un humain en apprenant quelques rudiments de base de la langue de ce dernier et en utilisant des sons (mots) porteurs de sens. Le contraire est peu probable (aucun humain ayant appris le langage perroquet n’a été répertorié à ce jour).

L’attrait de communiquer à la manière de la communauté ‘dominante’ humaine fait partie de l’instinct d’intégration qui découle directement de l’instinct grégaire.

Le perroquet qui partage notre vie ainsi que celle d’autres perroquets est réellement plurilingue du fait qu’il vit dans une société biculturelle où le bilinguisme (humain / perroquet) devient essentiel (s’il en a la capacité) à son intégration dans les deux groupes. Comme le langage humain est souvent considéré comme le dialecte dominant, les perroquets s’interpellent souvent entre eux en l’utilisant. Souvent, ce genre de comportement ressemble plus à des joutes oratoires. Les perroquets s’envoient réciproquement à la tête tout leur répertoire humain sans se soucier du sens des mots et de la communication des bonnes informations; les sons ne veulent plus rien dire et sortent pêle-mêle. C’est à celui qui réussira à avoir le dernier mot… humain!

‘Le langage, avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu’un.’ – Jacques Lacan

Plusieurs facteurs induisent notre choix dans la volonté de vivre avec un perroquet, mais là où ce merveilleux animal nous fascine le plus, c’est cette faculté qu’il a de reproduire la voix humaine et de communiquer avec nous dans notre propre langage. Dans la réalité, c’est malheureusement une très mauvaise raison. Malgré le fait que presque tous les perroquets puissent parler, seul un faible pourcentage d’entre eux s’exécutera de bonne grâce.

C’est dommage, c’est une des principales doléances que je reçois par courriel ou téléphone de la part d’humains qui sont déçus de leur perroquet: ‘Il ne parle pas!’  Pourtant, ces oiseaux ont tellement plus à nous apporter que le simple fait de nous divertir en jacassant. Je n’ai personnellement jamais mis d’emphase sur les facultés langagières de mes oiseaux. Aucune session d’entraînement, aucune attente ni aucune demande. Si certains de mes perroquets ont un vocabulaire élargi, c’est tout simplement qu’à la maison je parle constamment: je raconte, j’explique, divague, chante au gré des situations et de mes fantaisies et ce n’est que de là que provient leur lexique.

Mes oiseaux sont bien, libres et, je crois, satisfaits dans leur environnement. Cette interaction leur donne envie d’apprendre à communiquer avec moi, mon mari et quelques fois des invités (pas toujours). Malgré que leur premier choix soit généralement de communiquer en ‘mode perroquet’, ce qui est ma foi tout à fait normal, ils consentent quand même à faire l’effort de s’adresser à nous dans notre propre langage. Ils en sont peut-être venus à la conclusion qu’ils ont plus de chances ainsi de se faire comprendre des êtres limités que nous sommes… et ils auraient bien raison!

Aujourd’hui je vous parle du langage du corps de votre perroquet, de son langage émotif. Coco communique de cette manière en tout temps, à tout moment. Il vous raconte sa vie au fur et à mesure qu’elle défile. Rien n’est caché avec un perroquet, pas de secret, il vous exprime ce qu’il ressent tout au cours de la journée, des heures, des minutes, des secondes. Regardez-le bien, là tout de suite, observez-le, il exprime quelque chose, le voyez-vous?

Coco nous communique ses émotions ou les intentions qui y sont liées par une combinaison parfois subtile de signes qu’on appelle ‘comportements expressifs’ qui, tous mis ensemble, constituent pour un autre perroquet ou l’humain avisé un message lisible et clair. Ces comportements ont pour fonction la communication et servent soit à influencer l’humeur, soit à déclencher des réactions du récepteur (individu ou groupe).

Le terme ‘comportements expressifs’ désigne toutes les conduites qui favorisent la compréhension intra et parfois extra spécifique. Pour décoder le langage de votre perroquet, vous n’aurez d’autre choix que de l’observer attentivement.

Ce qu’il faut observer:
• Le regard
• La dilatation des pupilles
• L’endroit où porte le regard
• La forme des yeux
• Le port de tête
• La position de la tête
• La posture de l’oiseau
• Le positionnement du corps et des pattes
• Les mouvements du plumage
• Les mouvements de la queue
• Les mouvements de tête et du corps de l’oiseau
• Alouette…♫♫♫